vendredi 20 janvier 2012

Le fabuleux destin des 489 milliards d'euros prêtés à du 1%... Bientôt le double ou le triple !












 
Chronologie
(actualisée au 25/04/2012)

Mercredi 21/12/2011

La BCE prête 489 milliards d'euros à plus de 500 banques privées de l'UE. L'objectif des dirigeants européens « Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en tête : ils espèrent que, par ce biais, les banques rachèteront des obligations souveraines. Reste à savoir maintenant si les banques vont en profiter pour aider les Etats de la zone euro en difficulté.»

... Et si elles ne le faisaient pas, par exemple ???

Le Monde:
La BCE prête 489 milliards d'euros aux banques européennes, les marchés restent sceptiques


Mercredi 28/12/2011

On peut lire dans la presse :
« Il n'y a rien de bien nouveau. Les banques ne se prêtent toujours pas d'argent entre elles. Elles ont en ce moment plus de liquidités, donc elles en déposent plus à la BCE. »...

On ne parle déjà plus des obligations souveraines, vous avez remarqué ?

Le Monde :
Nouveau record de dépôts des banques à la BCE

Lundi 9/01/2012

« Les banques n'ont pas encore vraiment commencé à investir cet argent sur les marchés, certaines le gardant pour faire face à des impératifs comptables de fin d'année ou à des échéances de prêts qui doivent tomber au cours du 1er trimestre. Au total, les établissements de la zone doivent rembourser 230 milliards d'emprunts au cours de cette période. »

Bref, on a prêté de l'argent pour que les banques privées se remettent à flots, tout en demandant au citoyen de participer à l'effort de redressement de l'économie à coup de mesures d'austérité sans précédent.

Le Soir :
Nouveau record des dépôts des banques auprès de la BCE 

Jeudi 12/01/2012

« La Banque centrale devrait décider, lors de la réunion de son conseil des gouverneurs, de laisser inchangé son taux directeur.
Le discours de Draghi attendu
Plus que la décision sur les taux, ce sont donc les commentaires du président de la BCE Mario Draghi sur les rachats d'obligations souveraines des pays en difficulté de la zone euro qui seront scrutés. (...) Ce programme, vu par certains économistes mais aussi par des pays comme la France ou l'Italie comme la planche de salut de la zone euro, est limité en volume et dans le temps car il n'est pas dans les attributions de la BCE de se porter au secours des États surendettés. » 

En effet : la BCE vole uniquement au secours des banques privées surendettées

Le Point :
La BCE pourrait faire une pause

Le Figaro : 
La BCE défend son aide massive aux banques

Vendredi 13/01/2012

« M. Draghi a aussi souligné que le prêt géant avait donné «à toutes les banques une assurance contre le risque de se retrouver sans liquidités et leur donne du temps» pour se conformer aux obligations réglementaires, en premier lieu les recapitalisations exigées par le superviseur bancaire européen EBA, ainsi que les moyens de faire face aux remboursement qui les attendent cette année (600 milliards, dont 230 au cours du premier trimestre).»

La Voix (Luxembourg) :
Nouveau record des dépôts des banques auprès de la BCE  
[Admirons au passage l'originalité des titres !]

Jeudi 19/01/2012

Zone euro/BCE: les dépôts des banques chutent, à 395,3 milliards d'euros

On ignore ce que sont devenus les (presque) cent milliards de différence, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils n'ont pas servis à racheter les fameuses obligations souveraines, ce qui était pourtant le motif invoqué le 21/12/11 pour accorder ce prêt à 1%... 

« Les banques, qui se soupçonnent les unes les autres d'avoir accumulé des obligations d'Etats en difficulté, et doutent donc de la solvabilité de leurs concurrentes, ne veulent plus se prêter d'argent mutuellement. »

On en revient finalement à la question de départ : Et si elles ne le faisaient pas, par exemple ???

Le Temps (Suisse) :
Zone euro/BCE: les dépôts des banques chutent, à 395,3 mrd EUR


Dimanche 22/01/2012

Dans un entretien au journal Le Monde, André Orléan, économiste et directeur de recherche au CNRS dénonce l'impuissance des politiques face aux marchés tout puissants.
Si vous deviez donner un exemple du pouvoir des marchés, ce serait lequel?
« Fin décembre 2011, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de prêter 489 milliards d'euros aux banques au taux très bas de 1 %. Dans le même temps, un pays comme l'Italie doit emprunter, aux banques cette fois, à 5 % ou 6 %. (...)
Près de 500 milliards d'euros, c'est considérable, et des prêts à 1 %, pour trois ans, c'est du jamais-vu ! Pourtant, les banques ne se prêtent plus entre elles, leurs notes ont été dégradées, leurs bilans sont encore opaques, la défiance règne. Et de plus, elles n'ont pas vu venir la crise des subprimes, elles ont montré une incompétence notable, et elles ont été sauvées par l'argent public... Nous sommes loin du dogme d'autorégulation des marchés financiers ! »

Le Monde :


Vendredi 27/01/2012

Méthode Coué et langue de bois...

"C'est étonnant, si vous comparez aujourd'hui avec les cinq derniers mois, la zone euro est un autre monde", a-t-il affirmé.
Certes... mais est-ce rassurant pour autant ?

Interrogé sur les dépôts massifs de capitaux auprès de la BCE de la part des banques qui ont pourtant reçu près de 500 milliards d'euros de prêts sur trois ans de la part de la Banque centrale européenne, Mario Draghi s'est montré plutôt serein. "Il ne peut pas en être autrement, l'argent circule et revient à la BCE", a-t-il expliqué. 
Le but n'était-il pas de racheter des obligations souveraines ? Que les banques aient changé d'idée n'a pas l'air de le surprendre outre mesure.

"Le marché obligataire, très inquiet jusqu'à présent, a rouvert dans une certaine mesure, donc nous avons quelques éléments de preuve" quant à la circulation de ces milliards d'euros dans les circuits financiers, a-t-il encore dit. 
"dans une certaine mesure" "quelques éléments"... Tout cela est effectivement "spectaculaire" !

Il a toutefois précisé qu'il était encore trop tôt pour savoir si cet "argent finance vraiment l'économie réelle". "Nous n'en avons pas encore la preuve", a-t-il dit. 
Quelle transparence !

Il a rappelé que l'absence de régulation était l'une des causes principales de la crise financière il y a quatre ans, soulignant que, certes les gouvernements s'employaient à corriger ce problème, mais qu'ils devaient le faire plus rapidement.
Dites-moi si je me trompe mais... on n'avait pas déjà dit ça juste après la crise de 2008 ?

Le Point (Source AFP) :
Mario Draghi : la zone euro a fait des progrès "spectaculaires"

Mardi 31/01/2012

Les banques européennes prêtes à dévaliser les coffres de la BCE


« Selon le Financial Times, les banques européennes emprunteront fin février deux à trois fois plus qu'elles ne l'avaient fait en décembre lorsque la BCE leur avait accordé 489 milliards d'euros.
"Les banques ne seront pas aussi timides lors du deuxième round (le 29 février, ndlr). Nous aurions dû faire plus la première fois", a déclaré au quotidien financier le patron d'une banque de la zone euro sous couvert d'anonymat.
Trois patrons de groupes bancaires - eux aussi sous couvert de l'anonymat - ont également indiqué au journal qu'ils comptaient emprunter de deux à trois fois plus cette fois-ci, soit au total 1.000 milliards à 1.500 milliards.  »

Présenté, bien évidemment, comme une bonne nouvelle qui rassurera les marchés, ce nouveau prêt est-il pour autant de nature à rassurer le citoyen...

Invité de Matin Première, le 23 décembre, l'économiste Pierre Larrouturou s'interrogeait :

" Cette semaine, la Banque centrale européenne a prêté 480 milliards au taux de 1%". Les banques sont aidées à des taux plancher au nom de la crise quand les Etats doivent payer des intérêts de 4 à 7%, au nom de cette même crise.
Ce "deux poids, deux mesures" est inacceptable dénonce Pierre Larrouturou. Si l’on est capable de prêter de l’argent aux banques à de tels taux, "qu’est-ce qui empêche de le faire pour les Etats ?", pour qu’ils puissent financer les services publics qui bénéficient à toute la population.

Selon André Orléan, le premier prêt de 489 milliards révélait l'impuissance des politiques face aux marchés tout puissants. Dans quelques semaines, il faudra y ajouter entre 1.000 et 1.500 milliards d'euros...

06/02/2012
Dans un article du 6 février paru sur le site de Médiapart,  le sociologue Thierry Brugvin explique comment dette publique et création monétaire privée ne sont rien d'autre, en fin de compte, que des instruments du pouvoir financier pour racketter les peuples et confisquer la démocratie. 

« Les marchés financiers continuent à jouer avec le sort de l’Euro, de l’Europe et de la Grèce en pesant sur la dette publique de cette dernière. Or, la dette issue des prêts des banquiers et actionnaires privés est un instrument de contrôle de l’économie des Etats et des peuples. (...)
La Stratégie de Lisbonne (2000-2010) adoptée à l’échelle européenne invitait les États membres, au nom de la « lutte contre l’inflation », à mettre en place une politique active de « modération salariale ». Désignées comme la principale cause de l’endettement public, les dépenses publiques devaient elles aussi être réduites. En d’autres termes, il s’agissait de « modérer » les salaires, de sabrer les budgets publics et la protection sociale. (...) »

Nous l'expérimentons, hélas, chaque jour un peu plus... Jusques à quand ?

Médiapart :
Dette publique et création monétaire privée : des instruments du pouvoir financier pour racketter les peuples

08/03/2012

L'Europe finance les banques qui se gavent sur la dette

Les semaines ont passé, on ne parlait plus beaucoup de ces deux prêts... 
25/04/2012

Où vont les milliards prêtés aux banques? 

« Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi a convenu mercredi qu'il avait espéré que les prêts massifs consentis ces derniers mois par l'institution aux banques européennes profiteraient plus rapidement à l'économie réelle. »
Qui l'eût cru ? Moi qui ne suis pas économiste, c'était la question que je posais le 21/12/2011... J'adore !

A suivre...


A lire aussi (et à écouter) :
"On peut prêter aux Etats européens à du 0,02% sans changer les traités"
Invité de Matin Première, l'économiste Pierre Larrouturou dresse un double constat. Premièrement, les remèdes des gouvernements européens contre la crise ne soigne pas le mal mais l'aggrave. Deuxièmement, les solutions pour sortir de cette crise existent mais une "oligarchie" s'oppose à leur mise en place.